Pouvoir d’achat : le Belge a perdu l’équivalent d’une chambre à coucher en seulement 9 mois

Depuis le début de l’année, les prix de l’immobilier en Belgique ont augmenté de 5,8%. Le pouvoir d’achat du Belge a pris un coup : le foyer moyen peut désormais se permettre une habitation de 85 m², contre 103 m² au début de l’année. Immoweb, la plus grande plateforme immobilière du pays, publie son indice des prix pour ce troisième trimestre de 2022. Cet indice se base sur les données propres à la plateforme. La hausse des taux d’intérêts et l’inflation ont des conséquences sur la demande immobilière. Malgré tout, la Belgique conserve un des meilleurs pouvoirs d’achat d’Europe. « En comparaison, un foyer français peut acquérir en moyenne 61 m² », déclare Piet Derriks, Managing Director d’Immoweb.

Une baisse du pouvoir d’achat immobilier

La hausse des taux et l’inflation élevée entraînent une contraction du pouvoir d’achat immobilier des Belges, qui ont perdu 18 m² en moyenne. Un constat qui fait froid dans le dos ; au cours des 9 derniers mois, le Belge a perdu l’équivalent de la surface d’une grande chambre à coucher. En effet, un ménage médian peut actuellement prétendre à 85 m², contre 103 m² en janvier 2022.

La diminution du pouvoir d’achat reste particulièrement prononcée dans la capitale, qui souffre toujours de la hausse des prix. Les Bruxellois, qui disposaient d’un pouvoir d’achat de 55 m² au 1er janvier 2022, ne peuvent désormais plus prétendre qu’à 45 m² pour un salaire moyen, soit une perte de 10 m². Un chiffre qui met en lumière la difficulté croissante de l’accès au logement à Bruxelles et dans les grandes villes.

Depuis le début de l’année, les taux de crédit ont doublé en Belgique, passant de 1,45% en janvier à 2,95% en septembre 2022. « La Banque centrale européenne (BCE) pousse les banques nationales à réviser rapidement leurs taux de crédit immobilier pour faire face à l’inflation galopante. Si l’on ajoute à cela l’augmentation du prix de la brique visible dans tout le pays, on remarque que le Belge est confronté à une perte significative de son pouvoir d’achat », explique Piet Derriks. En effet, en l’espace de 9 mois, un ménage belge médian a perdu 13% de sa capacité d’emprunt. Une perte qui risque d’avoir de lourdes conséquences sur la demande immobilière. En effet, de nombreux candidats devront renoncer à (ou revoir) leur projet d’achat car ils n’auront plus les moyens financiers suffisants.

Malgré ce constat amer, les Belges conservent un des meilleurs pouvoirs d’achat d’Europe. Piet Derriks illustre : « À titre de comparaison, un ménage français peut acquérir en moyenne 61 m² ».

Les prix de l’immobilier poursuivent leur ascension

Les prix de l’immobilier en Belgique poursuivent leur irrésistible ascension, et ce malgré un contexte fragile ponctué par des incertitudes économiques grandissantes. En un an, les prix ont grimpé de 5,8% dans notre pays, qui continue sur sa lancée d’après-crise.

« Même si cette progression demeure vigoureuse, elle tend à s’affaiblir, plus particulièrement dans les zones urbaines. Bien que la géographie immobilière post-covid soit encore d’actualité, l’engouement pour la campagne et les zones rurales commence à se faire plus timide », déclare Piet Derriks.

En Wallonie, au troisième trimestre, c’est la province de Namur qui se hisse au sommet du classement de la hausse des prix (2,5%), suivie de Liège (1,8%). En Flandre, la tête de peloton est occupée par la province du Limbourg (2,2%), talonnée par la Flandre occidentale (1,6%). Bruxelles, quant à elle, ferme la marche avec une progression de 1,2% en trois mois.

De plus, il semble y avoir un regain d’intérêt pour les maisons, qui ont désormais comblé leur retard avec les appartements (5,2% depuis le 1er janvier 2022). En Wallonie, on peut d’ailleurs remarquer que le prix des maisons a grimpé de 5,6% depuis le début de l’année, contre « seulement » 3,8% pour celui des appartements.

Se positionner maintenant ou attendre ?

Les candidats acheteurs se trouvent désormais devant un choix difficile : entrer sur le marché le plus rapidement possible pour fixer le taux de leur emprunt hypothécaire ou alors attendre la diminution des prix.

La BCE va continuer à augmenter les taux d’intérêts dans les prochains mois pour espérer un retour rapide de l’inflation à 2% d’ici fin 2024. Ces hausses des taux successives auront des conséquences directes sur la demande immobilière, qui va continuer de s’amoindrir.

D’une part, certains acquéreurs se verront exclus du marché car ils ne disposeront plus d’un budget suffisant pour financer leur projet. Ce phénomène sera encore plus visible dans les grandes villes, où les ménages sont davantage dépendants des crédits du fait des prix plus élevés. D’autre part, de nombreux candidats à la propriété n’auront d’autre choix que de revoir leurs ambitions en termes de surface et de localisation. Les ménages qui ne pourront plus réaliser leurs projets en ville devront se tourner vers les zones rurales, ce qui risque encore d’amplifier le phénomène d’exode auquel nous assistons depuis la crise sanitaire.

« Cependant, le marché immobilier peut mettre un certain temps à réagir aux changements de crédit. Il est donc probable que quelques mois s’écoulent avant un ajustement des prix de l’immobilier. Forcément, cette baisse se fera davantage ressentir dans les grandes villes, qui souffrent déjà de la flambée des prix », explique Piet Derriks. Une correction qui tarde certes à venir mais que personne ne peut quantifier avec exactitude.